Fraudes, saturation budgétaire et conditions durcies d’un côté, simplification et harmonisation de l’autre : MaPrimeRénov’ et l’Éco-PTZ entrent dans une nouvelle ère qui redéfinit les contours des aides à la rénovation énergétique. On fait le point.
Quelles sont les nouvelles conditions de MaPrimeRénov’ ?
Le guichet dédié aux rénovations globales de logements, c’est-à-dire les travaux permettant de faire évoluer la classe énergétique d’un bien sur son diagnostic de performance énergétique (DPE), a été fermé avant l’été, en raison d’un afflux massif de demandes et de suspicions de cas de fraude.
MaPrimeRénov’ : guichets fermés cet été, pourquoi ?
Depuis le 25 juin, le guichet pour les rénovations d’ampleur (qui sollicite plusieurs travaux combinés) est temporairement suspendu. Seuls les travaux isolés appelés monogestes n’étaient pas concernés. Selon des modalités spécifiques, les copropriétés ou les aides dans le cadre de travaux collectifs ou sur les parties communes restaient éligibles. Évidemment, tous les dossiers déposés avant cette date étaient instruits, validés et payés.
La suspension est provoquée par le rythme trop soutenu des demandes pour percevoir MaPrimeRénov’ en 2025. Les travaux de rénovation globale ont triplé par rapport à 2024. Par conséquent, le budget de 3,6 milliards d’euros alloué a déjà été engagé très rapidement. Le dispositif devait être freiné y compris pour soulager la saturation administrative qui augmentait les délais de traitement des demandes.
Autre problématique : la suspicion de fraudes, avec des dossiers de qualité douteuse et des surcoûts. Les instances se sont montrées dubitatives alors que plusieurs milliers de dossiers présentaient des devis trop élevés, des travaux non conformes ou des professionnels non agréés. La pause estivale devait servir à accentuer les contrôles et nettoyer le dispositif (critères d’éligibilité, plafonds, modalités de contrôle).
MaPrimeRénov’ fin 2025 : les règles évoluent au 30 septembre
Le guichet MaPrimeRénov’ a rouvert le 30 septembre avec des règles modifiant les conditions d’attribution et les catégories des travaux à financer. Elles sont édictées par trois textes publiés le 9 septembre.
- Seuls les logements classés E, F ou G sont éligibles, excluant donc les logements les mieux isolés.
- Le plafond de dépenses éligibles est réduit de :
- 70 000 à 30 000 euros pour améliorer son DPE de deux classes (de G à E, de F à D…)
- à 40 000 euros pour améliorer son DPE de trois classes (de G à D, de E à B…).
- Fin du bonus pour des travaux faisant sortir du statut de passoire énergétique son logement.
En ce qui concerne les plafonds de revenus :
- les taux sont inchangés pour les ménages aux revenus modestes ;
- le taux de couverture des travaux de rénovation passe à 45 % pour les foyers aux revenus intermédiaires et 10 % pour ceux aux revenus supérieurs.
Jusqu’au 31 décembre 2025, le guichet effectuera une sélection drastique des dossiers en n’en acceptant que 13 000 sur toute la France. Le but est de favoriser les demandes des ménages les plus précaires.
MaPrimeRénov’ 2026 : à quoi s’attendre ?
Les travaux éligibles restent les mêmes jusqu’à la fin de l’année 2025 qu’il s’agisse des aides monogestes ou des aides dans les copropriétés. En revanche, la nature des travaux entre en compte dans l’éligibilité à MaPrimeRénov’ en 2026 :
- les aides sont possibles pour les travaux liés aux combles ou au sol, excluant par exemple les travaux d’isolation des murs par l’extérieur ou l’intérieur ;
- les aides finançant l’installation d’un chauffage biomasse pour les poêles à bois et à granulés sont conservées, ce qui ne sera plus le cas pour les chaudières biomasse.
La volonté du gouvernement précédent était de maintenir le budget alloué à MaPrimeRénov’en 2026.
Quelles sont les évolutions pour l’Éco-prêt à taux zéro depuis le 1er juillet ?
Depuis le 1er juillet 2025, l’Éco-PTZ s’aligne sur MaPrimeRénov’ avec des critères techniques harmonisés, un audit énergétique obligatoire pour les rénovations globales et des règles de cumul clarifiées, afin de simplifier les démarches des ménages.
Harmonisation des travaux éligibles avec ceux de MaPrimeRénov’
À compter du 1er juillet 2025, les travaux financés par l’Éco-PTZ doivent répondre exactement aux nouveaux critères techniques exigés pour MaPrimeRénov’. Finis les écarts selon les banques ou types de dossiers. De quoi simplifier les démarches pour les particuliers envisageant le cumul des deux aides pour deux types d’opérations :
- l’isolation thermique des murs et des parois vitrées ;
- l’installation de systèmes de chauffage ou de production d’eau chaude utilisant des énergies renouvelables.
Un audit énergétique obligatoire pour les rénovations globales
Depuis juillet, un audit énergétique remplace la simple étude thermique pour les rénovations globales. L’objectif rejoint celui voulu pour MaPrimeRénov’ : garantir que les travaux améliorent d’au moins deux classes la performance énergétique du logement concernée sur le DPE. Le montant maximum est toujours de 50 000 € et la durée de remboursement ne peut dépasser 20 ans.
Comment cumuler l’éco-PTZ avec MaPrimeRénov’ ?
L’Éco-PTZ reste cumulable avec MaPrimeRénov’ selon les conditions d’éligibilité, mais l’instruction des dossiers suivra le même calendrier, ce qui peut allonger les délais de traitement (très surveillés). L’harmonisation des critères doit apporter une cohérence entre les dispositifs et une plus grande lisibilité pour les ménages.
Pour rappel, le montant de l’Éco-PTZ en complément de MaPrimeRénov’ ne peut pas dépasser la différence entre le montant TTC des travaux éligibles à MaPrimeRénov’ et la somme du montant effectivement versée, déduction faite des autres aides financières cumulables.
Ces informations sont susceptibles d’évoluer en fonction des orientations du nouveau gouvernement et du vote du budget pour 2026.